Les données produites par les usagers dans leurs interactions avec un service numérique ont une forte valeur potentielle. Cette valeur peut être fournie directement, notamment si le logiciel a pour but principal la mise à disposition d’informations fournies par ses usagers. Cette valeur directe peut également être doublée de celle des effets de réseau lorsque le logiciel met en relation plusieurs usagers, et où il vaut alors autant — voire plus — par la communauté qu’il a déjà consolidée que par son essence algorithmique [Verdier]. Pour garantir la non-réappropriation, il est donc fondamental que cette valeur, qui peut être supérieure à celle du code, ne soit pas détenue par un acteur unique [Maurel]. Il s’agit d’ériger le réseau des données constituées par les interactions des usagers comme un bien commun à part entière, dans la mesure où la valeur qui peut en être extraite est supérieure à la somme des valeurs extractibles de chacun des points individuels, tout en respectant le droit de l’individu à maîtriser les données qui le concernent [Bellanger].
Au-delà des données fournies volontairement par les usagers, de la valeur peut être extraite par le simple suivi des interactions avec le service numérique. Une analyse statistique descriptive peut en effet permettre d’améliorer la valeur fournie par le service en aidant à déterminer les fonctionnalités à renforcer, celles à améliorer, et celles à abandonner. Étendre des communs numériques sans connaître leur usage revient à étendre un réseau routier sur la simple base de sa carte, sans jamais avoir pu voir le territoire.
La réutilisabilité de ces données est suffisante pour garantir le statut de communs numériques à des logiciels qui les capturent. Néanmoins, une réappropriation devient possible si un opérateur mal intentionné les met à disposition dans un format peu lisible et se conserve l’exclusivité d’une chaîne d’analyse permettant d’en extraire la valeur.